From his works
To speak wisely, it is more fitting for us to enjoy the world than to know it.
À parler sagement, nous avons plus d'intérêt à jouir du monde qu'à le connaître.
----
I love virtue if it isn't savage,
I love pleasure if it isn't weak-hearted,
I love life and I'm not afraid that it will end.
J'aime la vertu sans rudesse,
J'aime le plaisir sans mollesse,
J'aime la vie et n'en crains pas la fin.
----
(from a letter on the morality of Epicurus)
... What reason would a philosopher who didn't believe in the immortality of the soul have for mortifying his senses? Why would he divorce his spirit and his body, which are both made of the same material and which should look for their mutual advantage in the concert and union of their pleasures? I pardon our religious people the sad singularity of only eating herbs in the hope that they will thereby gain eternal happiness. ...
... Quel sujet avait un philosophe qui ne croyait pas à l'immortalité de l'âme de mortifier ses sens? Pourquoi mettre le divorce entre deux parties composées de même matière qui devaient trouver leur avantage dans le concert et l'union de leurs plaisirs? Je pardonne à nos religieux la triste singularité de ne manger que des herbes dans la vue qu'ils ont d'acquérir par là une éternelle félicité. ...
... When Montaigne was still young, he thought he would always think about death in order to prepare himself for it. When he approached old age, he said that he sang the palinode and wanted to be gently led by nature, which teaches us how to die when the time comes. ...
... Montaigne, étant jeune encore, a cru qu'il fallait penser éternellement à la mort pour s'y préparer. Approchant de la vieillesse, il chante, dit-il, la palinodie, voulant qu'on se laisse conduire doucement à la nature, qui nous apprendra assez à mourir. ...
... Sic praesentibus voluptatis utaris, ut futuris non noceas. [Enjoy present pleasures in such a way that they won't hurt you in the future.] ...
... We live amid an infinity of good and bad things, with senses capable of being touched by the first and hurt by the second. Without very much philosophy, a little reason makes us enjoy pleasures as delightfully as possible, and bear evils as patiently as we can. ...
... Nous vivons au milieu d'une infinité de biens et de maux, avec des sens capables d'être touchés des uns, et blessés des autres. Sans tant de philosophie, un peu de raison nous fera goûter les biens aussi délicieusement qu'il est possible, et nous accommoder aux maux aussi patiemment que nous le pouvons. ...
---
It is against the intention of nature to be tormented about things that it wanted us to take pleasure in.
C'est aller contre l'intention de la nature que de faire notre tourment d'une chose dont elle a voulu faire notre plaisir.
---
May gummed soups, stews, appetizers, and generally all of the artificial creations of cooking be banished from your table, so that you will escape the illnesses that you never noticed for as long as you kept simplicity in your meals.
Que tous les potages gommés, ragoûts, hors-d'œuvre, et généralement toutes compositions de cuisine, soient bannies de votre table, pour éviter des maladies qu'on ignorait autrefois dans la simplicité des repas.
---
Many different wines can sometimes be pleasant, never useful. Be temperate and tactful, drink little but excellent wine, and for as many years as possible.
La diversité des vins peut être agréable quelquefois, jamais utile. Soyez tempérant et délicat, buvez peu de vin, mais excellent, et le plus longtemps du même qu'il sera possible.
---
Portrait of M. de Saint-Evremond, by himself
He was a philosopher equally as distant from superstition as from impiety, a sensuous man who had as much aversion to debauchery as love of pleasure, a man who had never known necessity or superfluity. He lived in a condition that was scorned by people who had everything, envied by people who had nothing, and respected by people who guided their happiness with their reason. When he was young, he hated dissipation, being persuaded that money is necessary for the amenities that provide for a long life. When he was old, he could seldom bear being thrifty, believing that necessity is not too much to be feared when one has little time left to be miserable. He was happy with his nature and did not complain about his fortune. He did not look for what was bad in men in order to disparage it. He found what was laughable in them in order to enjoy laughing; he took a secret pleasure in knowing them, and he would have taken more pleasure in revealing them to others, if discretion had not prevented him.
In his opinion, life is too short for him to read all sorts of books and charge his memory with an infinite number of things at the expense of his judgment. He never read the most erudite writings in order to acquire knowledge, but the most sensible ones in order to strengthen his reason. Sometimes he would look for the books with the most delicacy in order to give delicacy to his taste, at others he would read the pleasantest ones in order to give charm to his spirit; and whatever he read, he made reading less of an occupation than a pleasure.
It remains for me to depict how he was in friendship and religion; in friendship he was more sensitive than a philosopher but just as faithful; more constant than, but just as sincere as a young man who is naturally good and without experience.
[Here the manuscript cuts off]
Portrait de M. de Saint-Evremond, par lui-même
C'est un philosophe également éloigné du superstitieux et de l'impie, un voluptueux qui n'a pas moind d'aversion pour la débauche que d'inclination pour les plaisirs, un homme qui n'a jamais senti la nécessité ni connu l'abondance. Il vit dans une condition méprisée de ceux qui ont tout, enviée de ceux qui n'ont rien, goûtée de ceux qui font consister leur bonheur dans leur raison. Jeune, il a haï la dissipation, persuadé qu'il fallait du bien pour les commodités d'une longue vie. Vieux, il a de la peine à souffrir l'économie, croyant que la nécessité est peu à craindre quand on a peu de temps à pouvoir être méprisable. Il se contente de la nature, il ne se plaint pas de la fortune. Il ne cherche pas dans les hommes ce qu'ils ont de ridicule, pour les décrier. Il trouve ce qu'ils ont de ridicule, pour s'en réjouir; il se fait un plaisir secret de le connaître, il s'en ferait un plus grand de le découvrir aux autres, si sa discrétion ne l'en empêchait.
La vie est trop courte, à son avis, pour pouvoir lire toutes sortes de livres et charger se mémoire d'une infinité de choses aux dépens de son jugement. Il ne s'attache point aux écrits les plus savants pour acquérir la science, mais aux plus sensés pour fortifier sa raison. Tantôt il cherche les plus délicats pour donner de la délicatesse à son goût, tantôt les plus agréables pour donner de l'agrément à son génie; et quoi qu'il lise, il fait moins son occupation de la lecture que son plaisir.
Il me reste à vous le dépeindre tel qu'il est dans l'amitié et dans la religion: en amitié, plus sensible qu'un philosophe et aussi constant, plus régulier et aussi sincère qu'un jeune homme de bon naturel et sans expérience.